La spiruline bio
Petit point… enfin mise au point, sur la spiruline bio française. La question revient souvent lors de vos visites à la ferme du vendredi (plus d’info sur notre RDV hebdomadaire ici). Pour plus d’éclaircissement sur ce sujet controversé, vous trouverez plus bas le texte intégrale du point de vu et des actions menées par la Fédération des Spiruliniers de France relatif à la mise en place du bio dans nos fermes française.

Depuis 2009 la FSF permet de promouvoir la spiruline paysanne produite dans de ‘petites’ fermes, comme celle de Spiruline des Olonnes, en proposant une spiruline de qualité. Elle apporte, entre autre, formations et soutient aux producteurs et futurs installés. Aujourd’hui riche de 162 adhérents nous sommes tous signataires de la même Charte de bonne conduite.
Spiruline des Olonnes partage les valeurs et adhère à la FSF depuis 2018.
Plus d’info sur le site de la Fédération des Spiruliniers de France.
LA SPIRULINE, BIO OU PAS BIO ?
Jour de Récolte à la ferme Spiruline des Olonnes



La culture de la spiruline ne nécessite aucun pesticide, herbicide, OGM ou autre produit toxique. Elle est donc par essence déjà très proche de la définition de “bio”.



La culture de la spiruline ne nécessite aucun pesticide, herbicide, OGM ou autre produit toxique. Elle est donc par essence déjà très proche de la définition de “bio”.
QU’EST-CE QUE LA « BIO » ?
La “bio” ou “Agriculture Biologique”, c’est aussi répondre à un cahier des charges défini à l’échelle européenne et transposé à l’échelle nationale par nos ministères, utiliser les règles de l’agriculture biologique et le faire vérifier par une société dénommée « organisme certificateur ».
Y A-T-IL « BIO » ET « BIO » ?
Il existe plusieurs types de cahiers des charges. Certains sont officiels car reconnus par l’Europe, en attestent les logos « AB » ou « feuille européenne » ; leur contenu est public et validé par les institutions. De très nombreux autres sont privés, leur contenu est parfois connu, parfois tenu secret.
Ne confondez pas la certification Bio et la société qui certifie. AB signifie que le produit est bio, « Naturland » ou « Ecocert » sont des organismes certificateurs, pour ne citer qu’eux (il en existe 10 en France et de très nombreux à l’étranger).
Dans tous les cas, un logo ou une mention « bio » n’est pas un critère de qualité, mais atteste de la manière dont l’aliment a été produit. Il existe de très bons produits « bio », comme de moins bons ; il existe de très bons produits « non bio », comme de moins bons !
LA CULTURE DE SPIRULINE ET LA “BIO”
LA “BIO” DANS L’HISTOIRE DE LA FÉDÉRATION DES SPIRULINIERS DE FRANCE
—– UNE FÉDÉRATION DE PRODUCTEURS CRÉE À L’ORIGINE POUR LA BIO —–
POURQUOI LA PLUPART DES SPIRULINES FRANÇAISES NE SONT-ELLES PAS “BIO” ?
Actuellement, toutes les formes minérales, tous les intrants servant à nourrir la spiruline et utilisés dans les fermes françaises sont utilisables en bio, sauf une, l’azote.
L’azote utilisé par la plupart des productrices et producteurs français est de l’azote synthétique, c’est-à-dire ayant été créé par une réaction chimique provoquée par l’homme. Il n’est pas utilisable en bio car il est fabriqué artificiellement par l’homme.
Il s’agit le plus souvent d’urée, synthétisée à partir d’ammoniac – lui-même obtenu à partir de l’azote atmosphérique – et de CO2, par une réaction à chaud et sous pression. C’est un produit qui a le grand avantage d’être pur, et de ne laisser aucune trace, puisqu’il est entièrement consommé par la spiruline et transformé en protéines. Il permet ainsi de garder des milieux de culture propres, non contaminés par d’autres éléments, et qui pourront être réutilisés plusieurs années, préservant notamment les ressources en eau.
Nous avons par ailleurs depuis longtemps vérifié la totale innocuité bactériologique et l’absence de métaux lourds dans une spiruline produite artisanalement à l’aide d’urée.
L’azote utilisé actuellement n’est donc pas “bio”, mais il permet de produire de la spiruline d’excellente qualité, exempte de toute contamination bactériologique ou autre, et qui économise au maximum les ressources en eau.
POUR CULTIVER DE LA SPIRULINE VRAIMENT «BIO»…
OÙ EN EST-ON AUJOURD’HUI ?
ATTENTION AUX ÉQUIVALENCES ÉTRANGÈRES !
Les spirulines que l’on trouve en pharmacie ou en magasin bio, estampillées d’un label bio, sont en général des spirulines d’importation, sauf en cas de mention explicite “Origine France” ou “Cultivée en France”.
Le règlement européen permet l’importation de spirulines produites hors Europe, le plus souvent en Chine ou en Inde, grâce à ce que l’on appelle des “régimes d’équivalences”.
Ces régimes d’équivalences permettent aux importateurs d’obtenir, en France, le label bio AB européen pour des spirulines produites hors Europe, selon des cahiers des charges locaux, le plus souvent très différents de celui imposé en Europe et de l’idée que nous avons en Europe de la “bio”.
La qualité et la traçabilité de ces spirulines d’importation laissent souvent à désirer (voir notre article sur la saisine de l’ANSES). Elles sont pourtant conditionnées en France et vendues sous l’appellation “Spiruline biologique” ou “spiruline bio” dans la plupart des pharmacies et autres magasins bios, ou par Internet par des marques à la limite de la publicité mensongère, mettant en avant le mot “France” ou le drapeau français.
Vérifiez donc bien l’origine de la spiruline sur son emballage avant de l’acheter. Sous le logo AB est inscrit l’origine de la matière première agricole. Sur ces produits d’importation vous remarquerez la mention “agriculture Non-UE”.
Le label BIO n’est malheureusement pas, pour le moment, une garantie de qualité pour la spiruline, comme en atteste cet extrait d’un rapport sur les labels bio.
Extrait du texte du Conseil économique, social et environnemental (CESE) qui commente le sujet dans son rapport sur les labels bio:
“En théorie, le logo européen (feuille) offre les mêmes garanties (absence de pesticide, attention au bien être animal…) que le label AB français. Dans le détail, les viandes et légumes bios venus de pays hors UE, peuvent bénéficier d’une équivalence. ” La Commission européenne estime alors que les contrôles des pays d’origine suffisent. Ce qui est loin d’être satisfaisant. On a notamment vu que la spiruline bio venue de pays tiers pouvait poser des problèmes sanitaires“, pointe le co-rapporteur du CESE.
MAIS ALORS, QUELLE SPIRULINE CHOISIR?
La spiruline produite en France, par les petit.e.s producteur.rice.s de la Fédération est une spiruline de grande qualité nutritionnelle et gustative et cultivée de manière eco-responsable en consommant peu de ressources naturelles. Elle se rapproche en tous points de la conception que l’on se fait d’un aliment produit “en Agriculture Biologique”.
Nous vous conseillons donc vivement de vous adresser à votre producteur local pour consommer une spiruline de qualité, saine, respectueuse de l’environnement et de votre santé.
La FSF s’engage pour continuer ses recherches et ses démarches pour permettre dès que possible à ses adhérent.e.s de produire une spiruline de qualité irréprochable et labellisée bio.
LE POSITIONNEMENT DES PRODUCTEURS.RICES DE SPIRULINE DE LA FÉDÉRATION
Les spirulinier.ère.s de France souhaiteraient un label bio local et équitable alors que de nombreux producteurs ou importateurs sont prêts à se lancer dans le « bio à n’importe quel prix ».
Nous, producteurs.rices, persévérons et travaillons à la reconnaissance de notre cahier des charges mis au point durant de nombreuses années et correspondant véritablement à ce que doit être, techniquement et éthiquement, une spiruline biologique.
Les Spirulinier.ère.s de France “n’adhèrent pas” au cahier des charges “ALGUES MARINES” en l’état et qui leur est imposé par l’Europe pour la culture biologique : ce cahier des charges bio “européen” est tout sauf écologique – c’est la théorie de la bio sans les garanties pour la planète et le consommateur. En effet, il impose une nutrition de la spiruline à base de fertilisants uniquement d’origine minérale ou végétale. Il n’est pas tenu compte du caractère non renouvelable de certaines ressources minérales utilisées, ou de l’utilisation de ressources végétales non locales et provenant de cultures vivrières. A l’inverse, les fertilisants d’origine animale, qui pourraient être fabriqués par une valorisation de sous-produits de l’élevage (fumier, lisier) ne sont pas autorisés pour les algues alors qu’ils le sont pour les autres filières. Ces engrais, produits par des méthodes qui ont fait leurs preuves, permettraient à tous les producteurs de spiruline qui souhaiteraient se convertir à la bio d’utiliser un intrant propre, produit localement, et en économie circulaire!
Par ailleurs, l’alimentation produite à partir de matière organique végétale peuvent contenir de la matière organique, ce qui colore les milieux, réduisant la lumière accessible à la spiruline. Cet apport peut dégrader les conditions de production, et amène à changer les milieux très fréquemment, occasionnant une hausse de la quantité d’eau consommée et surtout rejetée avec des effluents chargés à retraiter. Point d’achoppement écologique incontournable que nous mettons en avant depuis mai 2015 auprès des instances du bio avec la FNAB*.
Les spirulinier.ère.s de France revendiquent aussi le statut de “cyanobactérie” et non celui d’”algue marine” avec les spécificités de milieux et de techniques de cultures qui sont celles des petites fermes paysannes bien différentes des modalités industrielles. Nous avons demandé dés 2017 des règles détaillées pour la spiruline qui sont dans l’attente de réponses des autorités.
Nous continuons donc notre chemin pour un label bio “cohérent”.
Soutenez nos démarches, nos actions et nos productions : nous sommes sur la bonne voie !
Achetez votre spiruline chez votre producteur local !
*INAO : Institut national de l’origine et de la qualité
*CNAB : Comité National de l’Agriculture Biologique
*FNAB : Fédération Nationale d’Agriculture Biologique des régions de France
